Ne vous laissez pas abuser par son nom, le Pont Neuf n’est pas le 9ème pont des 37 qui enjambent la Seine à Paris! Et il n’est pas non plus le plus récent de la capitale. Au contraire, construit aux XVIème siècles sous Henri III puis achevé sous Henri IV, il est bien le plus ancien des ponts parisiens. C’est aussi une source inépuisable pour ceux et celles qui souhaitent peindre Paris.
Si vous cherchez un endroit inoubliable et original à immortaliser en peinture, je vous conseille cette vue depuis la Passerelle des Arts. Entre les péniches, la seine et le pont, quel magnifique carte postale de Paris ! De nombreux peintres l’ont d’ailleurs immortalisée. Il m’arrive souvent d’y emmener mes élèves pour un cours de peinture en extérieur et ils réalisent toujours de magnifiques peintures à l’aquarelle !
Trois problèmes pour un pont
Sa construction au XVIème siècles est la conséquence de 3 problématiques. Tout d’abord les ponts qui reliaient les rives droite et gauche de Paris, Saint-Michel et Notre-Dame étaient continuellement encombrés. Impossible de circuler. À cela s’ajoutait le risque d’effondrement dû aux passages incessants des chariots. On prit également conscience de la nécessité de relier le quartier du Louvre au nouveau Faubourg Saint-Germain. Enfin une rumeur faisait état du mal de mer ou plutôt de “rivière” dont souffrait le roi. Il devenait donc impératif de construire un nouveau pont.
Un pont révolutionnaire pour l’époque
Le Pont Neuf doit son nom à ses nombreuses originalités pour l’époque. Il est tout d’abord l’unique pont de l’île de la Cité à enjamber les deux bras de la Seine. En réalité il s’agit de deux ponts similaires dans le prolongement l’un de l’autre. Malgré la distance qu’il couvre, il n’est pas le plus long de Paris. Contrairement au pont Amont reliant le quai de Bercy à celui d’Ivry.
Si aujourd’hui l’on ne trouve plus aucune habitation sur nos ponts parisiens ce ne fût pas le cas autrefois (excepté pour le Pont Neuf, tout premier pont sans habitation afin de protéger la vue du Louvre). En revanche quelques bouquinistes et commerçants eurent le privilège d’y tenir boutique. En témoigne les refuges en demi-lune qui le rythment.
Très vite, entre les étals et tréteaux, se vivait un grand nombre d’animations qui firent de ce pont l’un des centres populaires de Paris : bateleurs, phénomènes de foire comme le célèbre Tabarin (inventeur du spectacle publicitaire et qui inspira Molière ) chansonniers, arracheurs de dents mais aussi coupeurs de bourse et femmes galantes.
Enfin, dernière révolution : les trottoirs. Inexistants jusqu’à là, les piétons circulaient au même niveau que les chariots, chevaux, charrettes, bœufs…Grâce à l’ajout de ces derniers hauts de quatre marches le Pont Neuf fût le premier pont à mettre à l’abri ses piétons.
Pont Neuf ou Pont des Pleurs ?
Le pont fut d’abord baptisé, non officiellement par les Parisiens « Pont des Pleurs » en référence aux larmes versées par Henri III lors de la pose de la première pierre en 1578.
Il ne s’agissait pas de larmes d’émotion liées à cet événement mais bien à des larmes de chagrin. Jour de deuil pour un roi, vêtu de noir, qui aurait perdu deux de ses « mignons », Quélus et Maugiron lors d’un duel. Ses chaudes larmes, de surcroît, étaient à l’unisson d’une pluie battante…